tout est fraîcheur
ruisseau et soleil
la rosée et mon pas
au creux des herbes
les parfums s’effacent
laissant place au souffle rougi
des vignes vierges
ce sang d’automne
qui fait comme des barrières
éventaires de bouchers
s’il n’y avait alentour
la joie des merles subtils
avides des baies éclatées
qui ornent les halliers repus des jours
mûriers églantiers ponctuant
les hautes pentes des bas côtés
je chéris le ru cavaleur
aux miroitements noirs
des micas bousculent
l’anarchie des feuilles de hasard
qui pleuvent au coeur des eaux
j’aime l’odeur surtout
cet humus mou et lourd
qui cède sous la semelle
oh soudain le souvenir
des hirondelles ingrates
qui fuirent trop vite
tant pis pour elles
elles ne sauront jamais
la fraîcheur crue des aubes
ni la mer des nuées douces au ciel
qui arrosent les corolles
encore chaudes un peu
l’ombre vive des haies
s’allonge partout
sous l’inclinaison caresse
des après-midis brûlants
encore un peu sur nos épaules
cette joie cette joie
que le déclin nous offre
déprise des jours filant
à une allure folle
on ne sait plus on ne sait plus
nuits et jours sont égaux
les peines de l’an cicatrisent
et s’effacent hors douleur
balayent les vents
qui animent les premiers feux
avec les dernières branches
qui se consument sans effort
fumée abondante
volutes humides des jardins
elles s’envolent
les plantes ont donné leurs fruits
elles vont avoir droit au repos
se pavanent alors
les coulures graves du lierre
griffes vert bouteille
qui étouffent pour croître
poursuivant la lutte d’été
contre les buissons amicaux
qui protègent naïfs
nos jardins nos prairies
du voisinage inconnu
etc. etc.