croque le jour 52

j’ai eu des peurs de vivre brièvement l’avouerai-je

qui tiraient les battements du  coeur vers le bas

j’allais ainsi longeant les racines des pins des ifs

puis le regard s’élevait sous l’effet du vent d’ouest

et la pluie cessant s’ouvraient des bleus éblouissants

croque le jour 45

l’avril rustique frémit hardiment vers le tiède

avant l’aube les éclats pincés d’oiseaux tapis

anticipent la lumière sans fin des joies de juin

pourtant l’enfance de l’an y accroche encore ses lèvres

elles seules balbutièrent alors les mots argentés du vivant

croque le jour 44

les rares aigus des enfants perdus dans la cour de l’école

s’étouffent sous quelques pas qui claquent sur un faux rythme

c’est un ensemble maladroit qui joue sa musique jusqu’à l’avenue

les notes émiettées dans le silence éclatent à travers l’air froid

des cris de joie isolés craquent longtemps sous les arbres roses