contes d’hiver

gracieux friselis des buissons nus 

des disputes se content sous la brise 

et je m’imagine un sens au dépouillement 

des branches brindilles et rameaux

qui dans leur obscénité non voulue 

s’ébrouent dans l’air réfrigéré

il est question du solstice sévère

où j’entends craquer l’axe terrestre

on me dit que je rêve et c’est possible 

je crois plutôt à la venue du neuf

l’an parle pour me forcer la main 

je dois écrire dit-il écrire écrire

je n’écoute plus les voix humaines 

elles gèlent vite et s’émiettent 

laisse ton chant libre viser le vent 

et ta gorge s’échauffer de joie

aux échanges des amours contre l’an

je te donne tu me donnes crois-le 

et la main et le baiser fluide

apaisent les aspérités graves

qui procèdent au fil de notre glace saison

fables de hasard contes sans logique 

rages déjà mordues du présent 

coiffant la froidure

qui fond sous la chaleur du corps dansant

léger mais fier

10 réflexions sur « contes d’hiver »

  1. Les branches sans feuilles des arbres ou plantes en hiver… c’est le grand repos, les racines senfouissent profond et dorment, les branches nues résistent au froid, au vent. Il n’y a plus d’oiseaux dans les nids. C’est un temps à dessiner, à regarder longuement la structure d’un arbre.
    Et puis soudain des bourgeons pousseront l’inertie de la plante, gonflant, perçant l’immobilité de l’hiver et attendront la fin des froidures pour s’entrouvrir…

    1. Merci d’emboîter le pas au marcheur d’hiver qui comme vous est assuré que du fond de la noirceur des jours on ne peut que revenir vers la lumière.

      1. Une sorte de dialogue dans une longue balade poétique. Vos mots sont transparents pour qui vous lit fidèlement.

        1. Vous écrivez , intensément émouvant, comme si les choses, les paysages, les saisons, des mélodies, certains êtres ne voulaient pas se séparer de vous. Leur présence se gravent alors en vous par la plume et l’encre hors du temps près du réel.

          1. C’est très proche de ce que je vise sans le voir toujours avec pareille acuité.

            La gravure n’est pas loin.

            engravés en moi sont les mots que j’écris, c’est pourquoi je les crois faciles à DIRE.

            Merci Christiane !

          1. Votre poésie est attention. Vous êtes un poète de l’attention, déchiffrant la réalité et son mystère. Vous vous faites alors médiateur. Un chemin vers l’inexprimable… Chacun de vos poèmes offre de multiples significations. C’est un don total.

          2. Très touché par ce que vous dites, je veux bien prolonger vos propos, comme un remerciement.
            Je m’absente pour accueillir, ce qui fait que tout afflue. Je ne parle pas en conscience, je dirais plus volontiers subconscient si le mot n’était un peu flou, alors que de l’endroit où je suis c’est à peine nébuleux. Des ramifications peuvent se faire chez le lecteur, je ne dirais pas que j’ai prévu tous ces chemins, mais devinés oui, du niveau où je suis, cela monte dans la clarté du verbe, puis cela se répand sous mes yeux, je n’ai plus qu’à écrire, non, c’est déjà écrit. Ce que vous nommez “don total” est ouverture à 360°,je me dissous à l’intérieur des vocables qui s’auto engendrent. Ce sont eux qui poussent ma main. Le plus dur est de s’installer pour écrire; si je pense: ça y est j’écris, je ne fais aucun effort particulier, le plus difficile est joué, alors qu’aucun vers n’est encore venu. C’est qu’il faut que pour écrire le monde soit neuf, défait d’ombres, désombré, l’ombre étant ce que l’on nomme communément la réalité, les choses tangibles. Pour les éclairer au plus cru (comment sinon faire surgir les harmoniques?), pour la lumière irradiant les autres mots, il faut de l’absence à soi et de la présence au plus près du subconscient.

  2. Raymond, vous écrivez une phrase mystérieuse : “je m’absente pour que tout arrive”.
    Absence et mémoire…
    pour atteindre l’Autre en soi, pour écarter la réalité immédiate qui est la mort.

    1. Voyez comme cette pensée sur l’absence à soi est lue par vous parfaitement, l’Autre en soi étant une formule vive et pertinente. Je vois bien que vous avez compris le subtil rapprochement avec la mort.
      réalité immédiate… je me suis souvent demandé pourquoi Baudelaire avait éprouvé nécessaire d’écrire qu’il ne pouvait saisir un journal sans un frisson de dégoût. Réaction que je partage. C’est la mort en toutes lettres, mais cela nous écarte peut-être de notre propos, enfin je n’en suis pas si sûr; il est question d’écrire et d’écrire encore. Lettres noires.

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