silence

après les banals délires du quotidien 

se fait parfois au réveil un silence intérieur 

qui danse défait de ses dépouilles

laissant tinter ses clochettes petites

autour de l’oreiller intarissable sur ses plis

c’est un silence pourtant 

éclat de rire froissé 

minuscule voix rassurante et lointaine 

alors je fais le tri dans mes affaires 

puis armé de ce silence curieux 

sans plus m’occuper de mon corps 

je file dans la forêt fouettée du vent 

pour offrir à ce calme intérieur 

un écho proche qui ne cesse de frémir

batailles de cimes

craquements de branches 

et à l’instant où ma semelle se pose 

au sol sablonneux 

clochettes oreiller voix vent et branches 

s’éteignent d’un coup

au plein du jour 

reste alors la fusion de ces bruits suspendus 

superbe éternité sereine

qui arme des jours entiers

en toute dignité 

contre le fracas du temps