le portail

je les imagine seule à seul

tête à tête graves et joyeux 

ils ont dans leur corps 

tout ce qu’il faut 

le temps ne les entrave pas

la fin de l’été devrait les inquiéter

mais elle sourit de tout son naturel

et lui du fond de son solide bon sens

lui murmure qu’il y aura d’autres saisons 

puis sortant du château

dont il a seul la clef

qui lui scintille à la main

gardons tout dit-elle

en faisant grincer le portail

nous en aurons de nouveau besoin

l’été prochain 

bien avant dit-il 

en lui posant la main sur l’épaule

c’est sans défaut

sans défaut reprend-elle

sauf le portail qui grince 

il rit

ils se regardent 

et d’un commun accord 

font demi-tour 

refranchissent le portail

les crissements de leurs pas

recouvrent leurs égales paroles