sauvetage

Il s’interrogea

sur son silence

qui tremblait sur ses lèvres

lorsqu’elle avait avoué contre le vent du large

qu’il n’était plus dans sa vie

qu’elle le chassait 

qu’elle ne l’aimait plus

il se souvint des vaguelettes à ses pieds

du ressac aux frissons ironiques 

qui ponctuait son geste

des deux bras elle l’avait repoussé vers le flot 

tout l’océan l’approuvait

ses je t’aime s’étouffaient contre le sable froid

elle criait 

il n’avait aucun argument

son corps presque nu 

dégoulinait d’eau salée

la mer par chance l’appela au secours 

tout l’orchestre des eaux soudain s’était tu 

une voix une seule exigeait de l’aide

il tourna le dos à celle qui le chassait

aperçut un corps en déveine 

pieds bras et longs cheveux mêlés sur l’horizon

depuis la crête déferlante

elle allait se noyer

il fut pris de bravoure

s’élança contre le creux des flots

cueillit le beau corps secoué d’épouvante 

la serra dessous la vague atlantique

elle respirait

les yeux encore clos

nouvelle née

hurlant crachant murmurant

elle mordit longtemps son bras porteur 

qui la déposa sur la plage

les estivants admiratifs

se dispersèrent bientôt

ne me remerciez pas lui souffla-t-il à l’oreille

c’est vous qui me sauvez