nids

tiens revoilà l’unique symphonie d’été

folies du regard appuyé

on reçoit on subit

allègres parfums

qu’on regrettait au long de l’an sans le savoir

jasmins troënes

et leur poivré joli

écume des moments d’amour

où les romans jouent au passé

tous ces présents imaginés

le tiède des brises défait les cols un peu

par quel bout saisir cet été

où le corps est omniprésent

la saison essore la terre jusqu’à l’os

on moissonne vite par peur de l’orage

le bercement des tiges grasses inquiète

qu’ai-je fait pour mériter pareille douceur 

ma candeur fait vaciller les cimes

habillées et drôles

peu de paroles 

ça craque dans les os des sous-bois 

cliquetis énervés des eaux rares

il me semble que les poissons aussi veulent l’eau 

ils bafouillent leurs appels de glace jusqu’à nous 

le soleil dirigeant n’autorise pas les gazouillis

il y faut pour cela le soir de l’abandon

quand le feu périclite orange puis vert puis rien 

et que les paroles sur l’homme aggravent les vies 

alors les oiseaux embrouillent les fils des mélodies

pour retisser des nids d’été

aux troubles harmoniques

4 réflexions sur « nids »

  1. Quelque chose dure en vous sous l’éraflure de la plume.
    Le nid ? cette cachette de la vie ailée où les feuillages repoussent la mort.
    Chateaubriand écrit : “J’avais établi un siège, comme un nid, dans un de ces saules : là, isolé entre ciel et terre, je passais des heures avec les fauvettes.”…

    1. Oui, oui, “repoussent la mort”. Chateaubriand comme d’habitude est fort précieux ici; surtout son “entre ciel et terre”. Il décrit un lieu qu’en modernes nous décririons ainsi : “entre conscient et inconscient”. On adore tout dans la phrase… jusqu’à l’emploi de “fauvettes”.
      Pour “l’éraflure”, je dirai seulement ceci qui n’est pas trop vaniteux, je crois : dans mes pérégrinations livresques il ne m’a jamais été donné de trouver une écriture dont je puisse dire: ça respire comme moi…

      1. “L’éraflure », c’est la griffure de la plume sur le papier.
        Une “respiration”, oui, elle est là, mais vous “moissonnez vite par peur de l’orage”…

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