longs cheveux
(vanité du vent qui vient de loin
pour les peigner longtemps)
c’est une cascade figée
que la brise fatigue de son flot
j’embarque dans les brindilles
ombre et verdure comprises
ça siffle l’été gris du souvenir
balancées en rythme les plaintes s’oublient
ça chuchote dans les nids
mon pouls prend des allures de ruisseau
l’aventure des vingt-quatre heures cavale
je suis seul
pas le temps d’essuyer mon front
les papillons miment les secondes
les lunes les mois
et mon amour se plaint de n’être pas chéri
et les voitures au boulevard défient les feux
sous les feuilles la musique des sphères
le saule universel
a de ces flous mélancoliques
la saison déchantera
en attendant juillet et août prennent de la gîte
et l’arbre tout le vent
“ça siffle l’été gris du souvenir”…
Cet arbre pensif et discret sait murmurer aux solitaires leurs souvenirs.
Oh j’aime bien vos adjectifs et
J’aime bien vos adjectifs
et tout autant: aux solitaires leurs souvenirs.
J’ai un pleureur dans le jardin, il forme tous les ans une grotte, hantée parfois par les abeilles, mais où j’aime me tenir comme au lieu le plus retiré de la maison de l’impasse.
Je lui parle. Je l’encourage. Puis parfois sournoisement, sans le prévenir, je lui coupe les branches qui menacent de crouler sur la maison. J’attends l’hiver pour ce méfait. Il ne m’en veut pas trop puisque dès le printemps suivant il remet ça; tranquille. Sa joie imperturbable déteint sur moi (j’avais écrit: “surmoi”). C’est le dernier par chez nous à se défaire de ses feuilles (fin novembre)et c’est le premier à susciter les nouvelles dès mars.
On dit que c’est Alexander Pope qui répandit le saule pleureur ; une dame lui avait offert un panier de figues venues toutes fraîches des Indes (légende peu probable; il fallait deux mois de navigation); il détacha alors une brindille du panier et la planta dans son jardin. Ce fut ainsi que les saules pleureurs (arbres des Indes) se répandirent très vite dans notre occident dès le XVIIIème et devinrent depuis l’époque romantique la chose qui pleure encore dans nos chansonnettes. Comme disait ma grand mère (ma grand mère a dû m’adresser de toute sa vie une dizaine de mots):” Si tu crois pas celle-là je vais t’en raconter une autre” (13 mots; quel menteur !).
Merci pour tout ce cheminement.