le saule

longs cheveux

(vanité du vent qui vient de loin

pour les peigner longtemps)

c’est une cascade figée

que la brise fatigue de son flot

j’embarque dans les brindilles 

ombre et verdure comprises 

ça siffle l’été gris du souvenir 

balancées en rythme les plaintes s’oublient 

ça chuchote dans les nids

mon pouls prend des allures de ruisseau 

l’aventure des vingt-quatre heures cavale 

je suis seul 

pas le temps d’essuyer mon front 

les papillons miment les secondes

les lunes les mois 

et mon amour se plaint de n’être pas chéri

et les voitures au boulevard défient les feux 

sous les feuilles la musique des sphères 

le saule universel

a de ces flous mélancoliques 

la saison déchantera

en attendant juillet et août prennent de la gîte

et l’arbre tout le vent

4 réflexions sur « le saule »

  1. “ça siffle l’été gris du souvenir”…
    Cet arbre pensif et discret sait murmurer aux solitaires leurs souvenirs.

    1. J’aime bien vos adjectifs
      et tout autant: aux solitaires leurs souvenirs.
      J’ai un pleureur dans le jardin, il forme tous les ans une grotte, hantée parfois par les abeilles, mais où j’aime me tenir comme au lieu le plus retiré de la maison de l’impasse.
      Je lui parle. Je l’encourage. Puis parfois sournoisement, sans le prévenir, je lui coupe les branches qui menacent de crouler sur la maison. J’attends l’hiver pour ce méfait. Il ne m’en veut pas trop puisque dès le printemps suivant il remet ça; tranquille. Sa joie imperturbable déteint sur moi (j’avais écrit: “surmoi”). C’est le dernier par chez nous à se défaire de ses feuilles (fin novembre)et c’est le premier à susciter les nouvelles dès mars.
      On dit que c’est Alexander Pope qui répandit le saule pleureur ; une dame lui avait offert un panier de figues venues toutes fraîches des Indes (légende peu probable; il fallait deux mois de navigation); il détacha alors une brindille du panier et la planta dans son jardin. Ce fut ainsi que les saules pleureurs (arbres des Indes) se répandirent très vite dans notre occident dès le XVIIIème et devinrent depuis l’époque romantique la chose qui pleure encore dans nos chansonnettes. Comme disait ma grand mère (ma grand mère a dû m’adresser de toute sa vie une dizaine de mots):” Si tu crois pas celle-là je vais t’en raconter une autre” (13 mots; quel menteur !).

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