le merle

régularité du merle
inépuisable ponctuation
notes très aiguës tout le jour
large vol du corps de nuit
les ailes froissent le gazon
puis un trille de deux notes éloignées

  • véloce solitaire –
    vrille longuement l’air stupéfait
    c’est la nuit
    je me demande
    si ce n’est pas lui qui commande sa tombée
    et si pour le remercier
    l’allumeuse de polaire et suivantes
    ne lui a pas confié sa noirceur ambiguë
    c’est qu’entre terre et ciel
    les oiseaux suscitent les avions et les rêves
    et les navires eux-mêmes doivent beaucoup aux mouettes
    qui les appellent
    le merle
    c’est clair
    a pour tâche de nous rappeler
    l’obscure destinée du jour
    et celle plus sombre de nos jours
    reste qu’ayant trempé son bec dans le soleil
    chaque vol
    a sa petite lumière