la pâquerette

enfuis sont mes pas d’autrefois

ceux de midi pleins de plages de soleils

ceux de minuit grevés d’hésitations

j’étais encombré de rêves inglorieux

de chevauchées carnavalesques

sur les rosses de pensées fortes

toutes livresques

et voici que mains vides 

j’en suis venu à me pencher au gazon 

vers une indolente pâquerette

présente sur l’instant 

je me demande la cueillant

pourquoi soudain le coeur me bat

seconde infime marquée sur le temps 

je vais prélever sa présence

pour sacraliser ce moment

il y aura un avant et un après la fleur

je la pince au coeur du carnet où j’écris

je l’entends qui gémit

et craque sous la pression des doigts

je l’étouffe entre les feuilles

c’est ainsi que dans son squelette sec

je vais la recroiser souvent 

renouvelant à loisir le moment où je la saisis

dorlotant alors sa mince image

éternité portative

métaphore des jours enfouis