nivellement par le bas (16 avril 1917)

le général ne s’était jamais rendu

même à l’évidence

penché sur la carte

obsédé de la cicatrice du Chemin

des Dames

son imagination échauffée par la gloire promise

négligeait le terrain

là où les pauvres allaient ramper

dans l’ascension 

vers la caverne

gorgés de terre 

déjà enterrés avant d’avoir fait

trois pas

ils allaient au massacre

comme des enfants

poussés par Saturne

et lui tranquillement 

tête brûlée

général indifférent au particulier

s’en tenait à la carte

peu lui importaient

les petits paysans les grands africains

ce n’étaient après tout guère que des vies

à la guerre comme à la guerre

nivelons nivelons

mais pourquoi diable

ai-je oublié son nom