fièvres 34 attente (mars avril mai 2020)

attente 

quand  tu viendras car tu viendras

tu verras derrière le jardin 

il n’y a plus ni blé ni fleurs sauvages

la manie d’habiter a tout dévoré

la maison dont nous rêvions je l’ai achetée

ils ont construit alentour 

  • le coeur me fend – des lotissements

j’ai espéré que ces gens seraient heureux

ils sont patients aimables et droits

j’aime l’agrément des bonjours dessus la haie

visages qui bougent dans les années

de jeunes cris surgissent puis s’effacent 

il ne se passe pas une journée sans  –

je t’attends

ai-je le droit d’espérer quelque miette

le temps me dure en cette saison

vingt ans déjà vingt ans 

les fleurs que tu aimais tant 

ont étendu leur empire 

des grappes enveloppent l’entrée

leur bleu et l’écarlate des rosiers

font en ce mai royal 

le bonheur des photographes 

ils viennent de loin pour en prendre l’image

depuis que mon entrée

a paru en page titre de clos et maisons

c’est étrange tous ces gens pour des fleurs 

j’écarte mes rideaux je souris 

j’échange même parfois en anglais 

je leur parle de tout du pays

de l’Amérique et quand ils s’éloignent

je m’en veux de ne pas leur avoir dit

que tu étais là-bas

dans une autre maison