fièvres 33 parfum (mars avril mai 2020)

parfum

l’absence de liberté fraîche

avait adombré le printemps attendu 

je marchais sur la pointe des pieds 

le coeur me battait loin

l’à quoi bon me hantait jusqu’aux rêves

les nuits mordaient sur les jours 

et plus rien ne tenait 

des conversations se croisaient sur le fil 

les joies les peines 

tout se perdait dans les plages des jours

d’innombrables peurs 

s’alimentaient d’un rien 

puis il y eut une aube un sursaut 

ma main cueillit au hasard du jardin 

le brin de muguet nécessaire à la vie 

ses clochettes furent joues d’ivoire 

qui sonnèrent le retour à l’invention

sois léger dirent-elles 

ouvre toi au-delà 

prends le vent 

chante la pâleur verte de notre cristal 

considère la mélodie des toits 

comme un rythme possible 

dans le silence ravi des rues de chez nous 

hume enfin ce muguet de l’an jamais senti 

c’est une tiède pudeur un peu âcre 

qui se glisse jusque dans la gorge

c’est le léger tremblé du temps qui passe

la tâche est alors limpide

je vais aller par les jardins de mai juin

à la recherche du parfum perdu 

  • mais il dort au marché dit la voix du muguet

au fond de flacons très banals