l’obus

enfant j’allais au champ sauvage

orties ciment plâtras briques chats maigres

contre la fontaine

une pièce d’obus me terrifiait

ma main s’avançait pour cueillir l’eau

et revenait en tremblant

après avoir effleuré la guerre

l’obus luisait au soleil de juin 

j’entendais les plaintes 

les sanglots sous les portes

les appels dans le ciel jadis rayé des balles 

l’obus mort demeurait inexplicable  

les grands géants serraient les dents 

d’avoir traversé cet âge cuivré noir

n’en parlons plus n’en parlons plus

je me souviens de mon regard levé

en forme de question 

et du silence crayeux et des lèvres serrées

un sourire aurait suffi 

un mot qui dise que la paix

n’était plus hors saison

et que les peupliers qui frémissaient là-haut 

ne tremblaient pas 

mais jouaient de toutes leurs feuilles 

comme une femme rit en rejetant ses mèches 

j’aime la rivière qui fuit au présent sous les ponts et les jours 

délestée des corps 

elle a désormais ce courant uniforme

qui chante le retour monotone des lois 

et du monde mal fichu

où je m’obsède des appels des enfants de demain

solstice

solstice 

le jardin est immobile

et quand l’aube perce

elle arrose troènes et rosiers royaux 

comme un appel rayonnant

à la folle gravité de l’ombre noyée

je m’affole de pareille chance

je vois bien qu’il faut saisir la lumière 

le coeur me manque

c’est trop de beauté 

les parfums fabuleux de tous les temps 

se confondent dans l’écrasant matin 

les morts à regret font retour 

à travers la blancheur ironique 

ils maugréent des chants

où l’on parle des nuits ouvertes 

à tous les vents du rêve 

je me tourne sur l’oreiller 

je me bouche les tympans 

j’en appelle au banal 

à la suite des jours défaite du solstice

car ce soleil qui ne cesse de demeurer 

est un piment cruel à goûter 

mon palais flamberait 

si j’étais embarqué dans ce jour infini

je ferme les rideaux 

laissez-moi ma nuit bien rêvée 

dis-je à l’intruse lumière en souriant 

j’aime dialoguer avec les disparus 

les nombreux absents qui m’enchantent 

et qui demeurent longuement

dans mon crâne têtu

croque le jour 53

tu peux réembrasser dit la sage autorité

les bancs publics ne sont plus sous clef

chacun cherche la bouche de chacune

l’été allège le temps et fait de l’instant 

au vu et au su du passant un joli présent

pouce

pouce 

la grâce me manque 

plus rien ne coule de source 

et j’ai beau faire remonter 

à ma mémoire 

l’évidence globale de l’enfant 

qui fut 

je ne grappille qu’avec peine

le sourire du petit monde plein

où joies et peines avaient la teinte du temps arrêté

où les secondes semblables 

dormaient en boule 

contre l’oreiller des jours

des nuits 

quelque part auprès d’une voix 

qui creusait tout l’espace

je me souviens pourtant 

du silence qui s’était installé 

  • baldaquin d’après-guerre –  

certes les morts râlaient encore 

mais mordait sur l’instant

une présence lourde 

accoutrée de fadaises pratiques 

un dieu un général 

les fleurs exultaient libres 

les chemins crevaient le ciel 

il était une fois 

et le temps s’arrêtait

et les croyances accumulaient les preuves 

des averses de sens inondaient

ma psyché

je me souviens du pavement glorieux

où sonnaient sous le pas 

les lignes du futur 

et l’immédiat passé tragique 

aidait au bonheur tout présent 

où je suçai longtemps

mon pouce en rêvant 

seuil

seuil 

le poivre d’orient 

revient en juin 

par troènes interposés 

c’est un nouveau seuil 

pure présence mélodieuse

ça craque au jardin 

narcisses et lilas gorgés d’eau 

rouillent désormais 

nostalgie des mois exsangues

et l’enfance avec l’ouest 

jouent leur petit retour 

moquerie des semaines 

dévidées du bout des doigts 

quand cueillir était doux

et respirer si élégant 

il va falloir 

adossé au printemps 

entrer dans l’âge 

où faire face est la règle 

nulle dérobade jamais 

au fond du bois 

c’est au soleil cru 

que se jouent les jours 

oui la mer lave les peines 

mais c’est au ressac de l’août

que se compteront les rides

et entorses anciennes 

la noirceur qui s’annonce 

au vrai fond des feuilles

fait des troènes amers

les avant-coureurs

du pays éloigné 

où je vais mélodisant 

Réponse à une actrice qui voulait en savoir davantage sur mon monologue d’une femme face à son miroir

J’ai été sollicité par des femmes battues en 2007(femmes de milieux simples
voire déshérités) pour écrire une pièce dans un monde amateur et très reculé de
nos provinces (la Thièrache 02). Les femmes avaient toutes été victimes de
violences conjugales. ça c’est le point de départ.

J’ai donc écrit diverses scènes sous le titre “Des illusions, désillusions”. La
pièce a été jouée une cinquantaine de fois dans nos régions.

La scène que vous avez l’intention de jouer est un morceau à part, adjacent, elle aborde de façon biaisée le problème de la violence des hommes contre les femmes; je l’ai écrite dans le même mouvement que j’ai écrit la pièce dans son entier. Quel rapport?

Eh bien j’ai constaté que les femmes étaient victimes d’une autre violence encore plus insidieuse: la violence du temps qui passe. Vous m’objecterez que les hommes le sont aussi. Mais voyez vous, les femmes sont terriblement victimes de cet inéluctable. Un homme de 50 ans est encore souvent pas mal; une femme de cinquante ans est sur son déclin, elle en souffre plus qu’un homme du même âge, la séduction étant souvent au centre de leur existence, la perte de la beauté est une violence insoutenable. Une véritable tragédie à laquelle aucune femme ne peut se dérober.

Et c’est justement ce déclin qui fait que bien des femmes voient leur monde
s’effondrer; le mari s’en va, le visage et le corps se défont. Ceci est une
violence, une injustice contre laquelle on ne peut rien mais qui n’en est pas
moins réelle. Cette scène est presque un à côté des violences conjugales, mais
je peux vous dire que placée au milieu de la pièce qui évoque directement les
violences des hommes, elle a un effet de mise en abîme très profond.

Le monologue en question:

“Quand je passe devant un miroir, je pense : t’es pas belle, ma belle, le miroir fait oui de la tête, je m’approche et sans le vouloir je compte.

Je compte les rides, il y en a tellement que je me perds dans les calculs, dans mes années, là au coin de yeux il y a du monde, ça fourmille; tiens, elles sont apparues après six mois de mariage, la déception déjà. Après l’amour, la peine, après les étoiles dans les yeux, les étoiles gravées près des paupières et lentement, les décennies, années banales, font des spirales, la peau se creuse sous les coups, elle se gonfle ailleurs, on dirait un édredon pas drôle ; la souple peau s’est raidie au milieu des appels nerveux du quotidien, sans doute, chaque jour un peu plus sèche, peut-être ; on dirait une terre craquelée, c’est le puissant éclat des voix brutes qui s’adressèrent à moi, tout ce temps, et les accouchements (sans douleur, tu parles), et les enfants à nourrir et les enfants la nuit. Tiens, regarde la courbe du nez, un effondrement de falaise après un raz de marée, mais le pire c’est la bouche, elle est mauvaise, pleine d’ombre, les lèvres appellent l’amour mais d’avoir embrassé pour rien, pour presque rien, les voici désabusées, tombantes, presque froides, froides… c’est affreux des lèvres froides. Restent les yeux, l’intérieur des yeux, la pupille toujours claire, belle, mais personne ne le sait, il n’y a que moi qui la devine encore, pourtant ces pupilles, elles n’ont pas bougé, c’est moi, c’était moi.

Oh, mon miroir, pourquoi me murmures-tu encore ma mémoire, oui, tu me rappelles le temps où j’étais belle, ce temps d’avant, naïf, exalté. Tu te souviens, miroir, j’étais si pure, il suffisait que je sourie à mon reflet pour que les battements de mon cœur s’accélèrent, c’était moi, j’étais fière d’être moi, d’être toujours jolie, j’avais même au regard autre chose de plus, quelque chose qui forçait le respect, un éclat de vie, du vrai diamant, indestructible, je pouvais tout vivre, tout affronter, je mettais du rouge à mes lèvres, du rimmel à mes cils, pas pour faire la coquette, mais pour confirmer que je me savais belle et c’est cette confiance qui m’a valu de croiser le premier imbécile venu, on se marie, on se débat, on se bat, les joues se creusent, et les coups répétés du temps, de l’homme, des habitudes, font du visage une bouille, une bouille, oui, une bouillie… j’en suis venue à ne plus pouvoir me voir.

Écoute, miroir, toi et moi on se sépare, je crois que c’est mieux comme ça, on va s’éviter,

va fasciner d’autres alouettes, moi, je vais continuer à l’aveuglette,

miroir, passe ton chemin, va refléter plus loin…

je ne m’aime plus .”

[ ce texte, infiniment tragique, (depuis sa parution en 2010), a été téléchargé environ dix mille fois; quantité de femmes de pays de langue française m’ont confirmé qu’il était joué avec une grande passion; voir les commentaires suscités parfois, sur ce blog même. ]

la brise

la brise est une voix qui vient de loin 

au lit du printemps large 

elle balaie cimes et brindilles 

c’est un signal froid qui à l’intérieur se casse 

elle rappelle le sérieux des hivers passés 

tant d’années 

elle ne cesse jamais vraiment ses voltes 

douleur d’être 

agitation des peines 

déplaisir gentillet 

à l’ombre des arbustes fraternels 

aux joies éblouies et restreintes pourtant 

j’entends à travers elle 

une autre voix 

chuchotis à peine audible 

qui dit l’écho fini du temps 

répète un jour un jour un jour

la brise est prophétesse soudain

je la croyais au passé mais je vois que c’est devant 

au pays dont l’horizon s’approche 

à pas menus au rythme des tourterelles 

les iris bleus vont virer noirs 

docilement ils se laissent balancer 

attendant leur rôle au fond du jardin 

lorsqu’ils entreront dans la couronne 

la fameuse qui fait froid 

et garde la menace en fond de gorge 

au fond de l’air 

la brise je crois dit souviens-toi 

confiné au jardin 

endormi 

je frissonne 

éternel

annoncées par les cloches d’avril 

les petites blanches de mai au parfum doux

alimentent ma soif 

même si en cette saison grave 

toute fragrance est catastrophe 

hormis justement celle du muguet 

après Pâques les mois s’effacent 

lumières crues aux aubes forcément neuves 

l’avancée se fait dévoration 

par le sourire 

futur des aubépines à nos pieds 

notre joie est enfin nature 

pétales et pépiements s’élèvent sous les pas 

il suffit de prendre 

la main la fleur le fruit bientôt le baiser 

tout est disposé sur l’étal du temps 

les harengères baissent les cordes d’un ton 

le marchand indulgent ouvre ses réserves

l’océan lui-même dispense ses crustacés

le glacé des eaux s’échangeant au feu du ciel 

on s’en vient croquer tranquille les crabes fins 

les orteils voient leurs traces s’effacer 

très mollement au sable de juillet 

j’aimerais tant que la trace d’été demeure 

c’est là où je souris au plus juste 

sur les miroirs des aubes 

et je suis si reconnaissant d’être éternel 

au moins quelques jours 

bleu doux vibrant de l’intérieur 

dilettante avisé 

des mots noirs et des rouges passions 

fantôme

ce qui frémit au jardin appelle le chant 

les oiseaux guillerets câlinent les aigus 

et la voix revient à travers la source 

heureuse qui bouillonne là-bas 

c’est un trop plein de vie bloqué ce printemps 

je me demande ce que tu fais 

où tu manges à quoi tu penses 

si tu as accroché les rideaux

et si la haie bien taillée désormais

permet de deviner l’océan là-bas 

je t’envie d’avoir les fausses notes des mouettes 

à portée de tympan 

si je ferme les yeux sur cette douleur 

je n’entends plus que tes pas 

sur les lattes fraîchement posées 

les remous de ta robe

et les accords d’une symphonie abandonnée 

dans le bureau où gisent les microsillons 

je te vois livre en main dos au jardin 

c’est de la poésie je crois 

le grand miroir du salon 

où nous avons longtemps souri 

de nos vêtements ajustés et de nos colères domptées 

voilà qu’il me revient 

avec son cadre doré au trumeau peint

à la mode d’autrefois

  • un loup cerné par les chasseurs  – 

soudain le rappel des oiseaux 

le vent du soir 

puis plus rien 

on dirait que la source au jardin 

a cessé de couler 

et le miroir de refléter

pierres

je songe aux diamants d’autrefois 

tout le monde en avait un chez soi

ainsi nommait-on le saphir 

qu’on déposait sur le microsillon 

la musique rivière coulait au salon 

et par respect pour le précieux je n’écoutais 

que des musiciens morts nostalgie oblige 

ainsi ai-je appris à lever les yeux au ciel

car la rue bruissait de rythmes inaudibles 

j’ai dormi hors des lits du tout venant 

mes rêves étaient de pianos de quatuors

adolescent d’autrefois

surnourri de lubies musicales  

et lorsque j’ai découvert la cathédrale 

j’ai su enfin que la musique pouvait s’incarner

en évidence

les tours étaient des diamants 

et la nef devenait résonateur du passé 

il me suffit aujourd’hui de deux pas 

et tout revient comme au Rechercheur 

dans la cour de Guermantes 

la cathédrale chante comme moi 

elle aussi ressuscite le passé

chaque son de mon pas trouve son écho

les tours endiamantées mordent l’azur 

accrochent les nuages (ces poussières)

et ne cessent jamais leur grandiose requiem

les passés s’entassent 

les présents s’exaltent 

et les futurs bravent solidement les nues 

pierres précieuses inaltérables

le dit de la bête

le dit de la bête

quand il parvint au plateau 

il songea un moment aux épreuves traversées

traînée de poudre des annonces publiques 

puis prison maison

les corps jonchèrent sa mémoire

il entendit les étouffements à mille lieues

on ne chantait plus

la mort sous le masque blanc

de rares Augustes rôda aux rues 

ils ne faisaient rire personne

les hospitaliers s’épuisèrent à éponger le mal 

– les vrai héros songea-t-il sont comme vous et moi- 

il avança lentement sur le haut de la colline

terrain miné la bête guettait 

lui qui jadis accueillait les visages en naïf

voilà qu’il devint soupçonneux

se regardant au miroir il songeait 

j’ai changé 

la bête se moque de moi

il oublia de se raser

on verrait moins ses rides naissantes

et le souci de vivre et l’angoisse à la gorge 

qui fait le teint sévère

dépouille l’innocence

et rend bête comme la bête

après bien des errements le silence du sud-ouest 

fit résonner ses pas

le soleil abandonna ses ocres longs

pour le généreux rouge des coquelicots

il inspira le vent redevenu salubre 

poussa enfin cette chansonnette 

qui fait la joie des miséreux 

et rassure les craintifs

magie

lorsqu’au bois j’avance dans l’avril

l’adolescent me revient entre les arbres

mille peines et pleine respiration

mes poumons scandent les pas

mes lèvres imitent les nouveaux oiseaux

et les amours difficiles et les aveux jamais lâchés

je me dis dans l’ombre neuve du bois joli

que ça palpite à jamais

mon pas sur les feuilles ridées de l’an passé

rythment le bel inexorable

la musique fait craquer les bémols du souvenir

et le présent et le présent

aspire comme ça vient

la joie est là entre nostalgie et futur

elle est à toi cette saison

une voix grave s’impose avec sourire

et chasse aux papillons

la mienne la tienne si charitable

ah que revienne toujours ce printemps d’éternelles joyeusetés

peut-être pourrai-je éterniser aussi

cet instant qui se libère 

en enchaînant les voix qui voguent

nous allons nous aimer sur ce temps

parce qu’il le faut

ce n’est pas si tragique

c’est pour le plaisir d’être

en ce moment magique

de longs frémissements

l’infirmière

l’infirmière

elle effleure de la poitrine le bras du malade

le tube crachote 

elle se penche

observe le corps en fièvre 

grièvement mordu par la bête

on n’entend plus que la mécanique

rythme insoutenable 

elle accompagne sa douleur de petits gestes

un pli qu’elle tire un pichenette machinale sur la perfusion

elle murmure que ça va aller puis se lance

dès que j’ai vu que c’était toi murmure-t-elle

je t’ai pris en charge

pas de hasard

je me souviens –  juste avant que tu me quittes –

de ta colère quand je barrais le voilier

je disais laisse-moi faire

je sais d’où vient le vent

je connais ses moindres souffles

et l’infini des eaux 

et les crêtes des vagues qu’on traverse de biais

laisse faire laisse faire

tu vois aujourd’hui encore

je te guide je précède ton corps 

ligoté étouffé écrasé

je ne t’en veux plus d’être parti

je vais alléger ta peine à vivre

c’est mon métier ma pitié

c’est toi 

reviens-moi stéphane

comme les migrateurs

aux prémisses du printemps

que nous montrions du doigt en riant

l’année dernière souviens-toi

il y a un an seulement

un an  c’est si loin

(publié ici il y a un an… pas si loin, toujours d’actualité)

fièvre d’écrire

hommage à Bernard Noël

penché en avant 

au bord de l’étouffement

j’envisage le vide à vivre

et l’horizon là-bas j’aimerais tant 

l’apprivoiser du bout des lèvres 

murmure pour le malheur

rivé dans la vallée fatale 

le fièvre enfle avec l’ouest

ils tombent les amis les vivants

ma main ne les retient plus au globe

la terre est grave

je les tire par les bras les jambes

mais de l’écrire n’aide pas 

la vie me contredit elle va elle va

le crescendo du virus fait boule de neige 

en ce printemps fou de pâquerettes

nos paumes battent au crépuscule 

luttant avec les coeurs qui s’en vont

et pendant que j’écris 

des non nommés

à pleins bras

à corps perdus

affairés

donnent donnent donnent

pour d’autres heureux anonymes 

qui finiront je le jure je l’écris

par retrouver leur souffle

couronne folle

folle couronne

elle accroît son empire

menaçant gorges et vallons

l’affaire de vivre se fait fragile

on sourit au miroir joli miroir

orage et grondements là-bas

le compresseur muet 

roule contre nous 

plaque à la terre 

enfièvre jusqu’à couper le souffle 

le creuset de ma flamme s’amincit 

dans l’espace trop connu du salon

l’esprit pourtant cravache le corps

feu follet il bondit le matin 

consent le soir aux braises vermillon

j’imagine le globe qui fonce

magnifiquement bleu 

oui les pays grincent c’est vrai

mais ils reviendront à la vie

résistant contre la couronne en folie

qui pèse sur les fronts brûlants

elle s’envolera un matin de printemps

reine fée méphistophélique

qui nous ligota longtemps