Brassens et le désaccord parfait

Que veut ce livre miroitant de chapitres aux titres simplissimes: la parole; le désaccord, etc. auxquels s’ajoute une analyse des chansons, musique comprise? On peut prétendre qu’il révèle quelque secret, mais les amateurs ne s’en laisseront pas compter, ils veulent voir. Alors, l’ouvrant , tout soudain surgit un Brassens connu inconnu; on s’aperçoit qu’on avait en mémoire les chansons qu’on faisait rouler étourdiment à la demande mais qu’on ne s’était jamais arrêté aux syllabes ni aux notes. On avait oublié qu’il était un penseur profond et que sa langue et que sa voix étaient un détour formidable pour comprendre notre présence au monde, notre monde, et que tout compte fait son village était le petit quartier bien asphalté que nous avions en tête . Grâce à ce livre, le trop connu se révèle au plus proche du compositeur chanteur. La lumière de ses chansons voilait  sous sa brume séduisante autre chose d’encore plus attachant. 

Raymond Prunier

Brassens ou le désaccord parfait 

Ed. Mille sources 2022

Pour toute commande: gilbert.beaubatie@gmail.com

ou 05 55 26 27 77

25 € + 3 € de port

Brassens et le rêve

Loin des biographies ce livre est fait pour rêver. Pour rêver comme Brassens le fit pour nous. On rêve autour de sa voix de son allure de ses décalages, puis à la fin on a droit à des commentaires des chansons musique comprise. Tout cela compose un ravissant bouquet dont le parfum, vapeur joyeuse, nous explique ce dont on se doutait sans pouvoir toujours trouver les mots pour le dire. Car cet ouvrage ce sont des mots qui à leur manière s’élèvent aussi à l’unisson du grand auteur compositeur irremplaçable. Le pourquoi du comment de cette magie nous est restitué avec précision et poésie.

Raymond Prunier

Brassens ou le désaccord parfait 

Ed. Mille sources 2022

Pour toute commande: gilbert.beaubatie@gmail.com

ou 05 55 26 27 77

25 € + 3 € de port

Brassens et la grâce (pour un livre délicat sur Brassens)

Bien malin qui nous dira le sens du monde. Même Brassens, surtout le modeste Brassens, serait bien peu capable de le délivrer aux grands distraits que nous sommes demeurés. En deçà de la mort, nous allons étourdiment, croyant  avoir déniché ce fameux sens, alors que les grands absents du passé n’ont fourni à nos inquiétudes que des pis allers.

“Brassens ou le désaccord parfait”, pas plus que les autres livres ne donne une réponse qui satisfasse notre demande de grâce. Et pourtant. La prose musicale de cet ouvrage rôde au plus près des enchantements du maître, par ailleurs si peu maître avoué. 

Ce livre sur Brassens est un dialogue par musique et paroles interposées pour chanter et dire, non le sens, mais la musique du monde. Car si Brassens avait placé sa guitare entre lui et nous c’était pour faire résonner à distance  cette musique qui nous reste; ce sont des musiques parlées, des paroles chantées, des chansons donc, si l’on veut bien garder le sens fort que le moyen-âge accorda à ces productions si touchantes, tellement humaines… et ce n’est pas mon voisin qui me démentirait (Guillaume de Machaut 1300-1377) lui qui fonda la chanson et la musique française tout à la fois.

Brassens a de qui tenir !

L’objectif de cet ouvrage est ainsi de nommer ces airs, de les suivre un à un en les chantant avec Brassens dans un accord désaccord qui se veut parfait et qui l’est bien souvent. 

Raymond Prunier

Brassens ou le désaccord parfait 

Ed. Mille sources 2022

Pour toute commande: gilbert.beaubatie@gmail.com

ou 05 55 26 27 77

25 € + 3 € de port

petits poèmes d’automne 4

la veilleuse vacille

au fil du temps 

au gré du vent 

ironique elle faiblit avec les ans 

mais elle tient

brûle rouge encore

je chéris aussi ses ocres

qu’elle emprunte aux feuilles mortes

brune lampe écarlate tremblante

tu dois tenir encore lui dis-je

saison n’est pas raison

l’ocre de ta base

doit encore supporter mon fragile battant

les éclats sur ma main

sont tavelures qui témoignent des écrits

se disputant ma peau

je souris de les voir se pousser

jusqu’au bord de ces ongles

qui faisaient crisser mes draps

or curieusement

alors que j’approche du but 

je dors tranquille

la veilleuse est allumée

petit poème d’automne 3

33

la glace lance ses premières arias

les sournois courants d’octobre

s’en vont mordre les omoplates 

suivront rhumes pâles  et longs frissons surprises

puis la voix s’enrouera sur la route d’hiver

les pulls ne suffiront bientôt plus

contre les bises jalouses

c’est ainsi qu’elles encombreront

de leur souffle d’acier

nos fragiles cordes vocales

qui voulaient trop chanter le retour du givre

sans fin

et je m’en vais garder
paumes serrées
l’eau petite et comptée
quelques gouttes à peine
cueillies sur les fleurs en corolles
tu plonges dans mes mains
j’aime ta peau dis-tu
(le soleil cogne dur
fenêtre sur le vide)

l’été décidément
c’est l’attente d’un drame
or à noircir ce temps cru
nos ombres je crois vont s’effacer
je compte sur mes doigts
les années décennies
le corps fut à peine chanté
la peau est devenue friable
et la vie intouchable

je sens tes joues
contre mes phalanges mouillées
je voulais te sculpter
et c’est moi que j’évide
ces mots sont les notes risquées
qui sèmeront contre le temps
des germes d’engendrement
sorte de lutte finale
qui n’en finit jamais

(paru en juin 2019 ici même, ce poème me revient dans toute son étrangeté)

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sensations d’automne

C’est le temps – plus qu’au nouvel an- où l’on fait les comptes, les fruits nous tombent aux mains, dans le silence, les jours sans vent; tout soudain la chute de la pomme se fait événement. Je me souviens ainsi de la chute d’une pomme sur le dos d’une vache dans la campagne, loin de tout, en bel automne, il m’a semblé que le choc allait faire vibrer la terre entière; pour me rassurer la vache n’avait pas bougé, pas un frémissement, rien, comme s’il ne s’était rien passé. La pauvre vache qui n’attendait pas la révélation newtonienne, n’avait rien senti. Je la fixai comme pour l’hypnotiser, mais va hypnotiser une vache au moment où les herbes repoussent après que l’été “ont l’herbe rajeunie”. J’eus l’impression au contraire que le choc sur sa peau anticipait les tambours que l’on ferait un jour de sa pauvre peau. Coup de gong, comme on appelle au repas chez les aristos. J’ai revu alors le moment où la pomme s’est détachée, pourquoi cette seconde plutôt qu’une autre? qui ou quoi avait suscité ce détachement? Il m’apparut alors que la peau de vache la pomme et ma présence solitaire devaient être entendues comme une musique sans musique autre que mes battements de coeur. La tête m’a tourné, l’odeur des pommes aidant je fus environné d’une atmosphère qui me revient lorsque j’écris le mot “automne”. Au bord de l’évanouissement sans cause, j’en conclus que le mûrissement des pommes à l’origine du geste d’Eve, n’avait pas que des bons côtés, le pourrissement n’étant qu’un mûrissement exagéré, un peu trop poussé. La cueillette est son anticipation. Curieusement lorsqu’on mord dedans elles donnent au palais une sensation de printemps qui n’a rien à voir avec les feuilles mortes et le mugissement désolé de la vache. C’est du printemps “prochain”, c’est notre prochain.

Croquer la pomme devient ainsi goûter la joie de vivre.

fin septembre

mes paupières s’alourdissent tranquilles 

les trains de Paris resifflent 

dans les nuées rampantes

qui s’accrochent aux prêles aux bruyères 

nostalgie aux épaules 

je glane les plumes des rapaces

et les dépose près de la lampe

où elles luisent longtemps 

jusqu’à ce que la poussière de novembre 

les enduise de la neige des jours 

mais ce n’est pas demain 

fin septembre m’ouvre encore les pupilles 

il fait joie dans les roses froides 

et je m’émerveille que ça tienne 

comme mes joues ton amour et la vie 

je note la raideur un peu des gazons

les ris amusés des soleils au rideau

et les parfums forts des terres délivrées des récoltes

on dirait un désert

or ce sont cent richesses

entassées dans les granges

sous mes pas encore verts

les feuilles tardent à tomber

je les attends debout sur la placette

plein vent