fin septembre

mes paupières s’alourdissent tranquilles 

les trains de Paris resifflent 

dans les nuées rampantes

qui s’accrochent aux prêles aux bruyères 

nostalgie aux épaules 

je glane les plumes des rapaces

et les dépose près de la lampe

où elles luisent longtemps 

jusqu’à ce que la poussière de novembre 

les enduise de la neige des jours 

mais ce n’est pas demain 

fin septembre m’ouvre encore les pupilles 

il fait joie dans les roses froides 

et je m’émerveille que ça tienne 

comme mes joues ton amour et la vie 

je note la raideur un peu des gazons

les ris amusés des soleils au rideau

et les parfums forts des terres délivrées des récoltes

on dirait un désert

or ce sont cent richesses

entassées dans les granges

sous mes pas encore verts

les feuilles tardent à tomber

je les attends debout sur la placette

plein vent

Une réflexion sur « fin septembre »

  1. C’est sans doute cette part de nostalgie qui fait de ce poème une allégorie lumineuse. Les trains sont convoqués pour assimiler la vie à un voyage. Je pense aux toiles de Paul Delvaux… L’après comme un déjà vécu. Une lenteur de givre fige les roses de l’automne. Un joueur de flûte passe et hèle les hirondelles de l’été.
    Rêverie amoureuse qui appelle Eros et Thanatos… comme s’il était aussi douloureux de vivre .
    Œuvre accomplie, musicale, fluide qui nous immerge dans le rêve du poète.

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