Brassens et le rêve

Loin des biographies ce livre est fait pour rêver. Pour rêver comme Brassens le fit pour nous. On rêve autour de sa voix de son allure de ses décalages, puis à la fin on a droit à des commentaires des chansons musique comprise. Tout cela compose un ravissant bouquet dont le parfum, vapeur joyeuse, nous explique ce dont on se doutait sans pouvoir toujours trouver les mots pour le dire. Car cet ouvrage ce sont des mots qui à leur manière s’élèvent aussi à l’unisson du grand auteur compositeur irremplaçable. Le pourquoi du comment de cette magie nous est restitué avec précision et poésie.

Raymond Prunier

Brassens ou le désaccord parfait 

Ed. Mille sources 2022

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25 € + 3 € de port

10 réflexions sur « Brassens et le rêve »

  1. Je comprends, ô combien, que vous reveniez inlassablement sur votre cher livre où vous avez posé tout votre amour pour ce créateur , chanteur et musicien pas ordinaire tapi dans un homme ordinaire pour qui les copains et la maison qui sera toujours son havre, comptaient plus que tout.
    Votre éditeur, peut-être et vous-même avez été déçus par la non reconnaissance de ce livre si passionnant.
    Mais, le temps passant, c’est la voix que l’on recherche et des images, des films.
    Ce livre, il est votre trésor, de vous à vous. Comme vous avez dû être heureux de l’écrire, de le polir longuement comme l’ébéniste le fait de son bois. De le tenir entre vos mains.
    C’est le sort de certains livres : le secret, la confidence.
    Votre éditeur vous a fait un immense cadeau, faisant de vos textes, de vos photos, de vos documents un bel ouvrage que vos lecteurs ont aimé lire, regarder longuement.
    Hier , je vous ai conduit avec douceur vers une très belle mémoire radiophonique. J’étais emue en écoutant ces captations.
    Pour ce qui est de l’édition, en général, des libraires, des sites de vente, c’est l’overdose. Il y a tant de livres, de manuscrits. Ajoutez internet, les réseaux, les blogs qui donnent à ceux qui le désirent la possibilité d’écrire et d’être lus. Tout le monde écrit. Se mêlent les échanges culturels, littéraires et des mots comme ceux qui peuvent sur le pont du bateau de Rabelais.
    C’est un siècle de solitude qui croule sous le poids des mots.
    Il manque souvent des lecteurs…
    La musique est cette échancrure qui permet d’échapper à tous ces mots. Et dans musique, il y a chanson. Les mots alors sont inséparables de la voix et de la musique.
    Sur votre Teppaz écoutez votre ami Brassens et chantonnez, heureux.

  2. Vous savez , Raymond, que votre livre, je l’ai beaucoup aimé. Il est formidablement bien écrit, puissant et émouvant.
    Mais ne sommes-nous pas de l’arrière-pays ? Celui de Brassens, de Brel, de Ferré, de Catherine Sauvage, de Trenet, de Ferrat, de Juliette Gréco, de Montand…
    Notre monde a la couleur d’un passé mélancolique…
    Couvrez-vous bien. Le vent fraîchit. Un vent à décorner les bœufs si haut perchés.
    Bonne soirée.

    1. J’aime beaucoup votre “couvrez-vous bien”. Il dit la tragédie mieux que “père gardez-vous à gauche”. Ce n’est pas seulement que la camarde guette, non, votre couvrez-vous bien s’adresse au petit laonnois qui croit; pas la foi du charbonnier, non, la foi du métaphysicien, de celui qui s’interroge sur les graves questions, de celui qui aime l’art, qui a fait de l’art d’occident une manière de rempart, comme la ville elle-même où je vis, remparée, c’est à dire à jamais close sur ce qui se passe en bas, là où ça grouille, là où huit milliards d’habitants peuplent l’espace là-bas, là-bas très loin.
      Vous avez compris que mon petit propos sur les cornes cachait non comme on le croit le problème de George Dandin, mais celui bien plus grave de notre civilisation; attention mon ami, à ne pas trop charger la barque du sens, de l’interprétation, de la Kultur.
      Votre “le vent fraîchit” met en question les évidences kultivées, bourrées à craquer de tableaux de poèmes de symphonies de propos kultivés, cette altitude n’est plus la nôtre, les bœufs disent que le ciel est bouché; vous dites à la manière de Bonnefoy (mais quel nom !!)”l’arrière pays”, comme vous avez raison. Mais si mam mémoire est bonne le poète parle des bifurcations, des chemins de traverse, pour le dire à la façon abrupte de Julien Gracq “sans les routes secondaires la vie serait impossible”. Vous dites finement: “notre monde a la couleur d’un passé mélancolique”.
      Ainsi résumez-vous je crois notre monde intérieur. Difficile de faire plus précis. J’apprends ce jour la mort de Pierre Soulages. Sa couleur peut enfin commencer.

      1. Tout cela est la brume des mots, celle qui rend le message incertain. Mais comme vous savez bien traverser la brume ! Un vrai Turner….
        J’y ajoute un tremblant rayon de lumière.et puis Soulages…
        Si vous saviez, Raymond, comme j’ai pu, immobile puis mobile, capter sur ses stries noires la naissance d’un reflet. C’est dans la nuit que surgit la lumière.
        Pour le jour, pas d’efforts à faire mais la nuit, à tâtons, la désirer longuement.
        Merci aussi pour les autres mots tout surgis de l’enfance.
        Je pense à L’île aux morts de Böcklin. Tout y est si calme. Où mène cette barque ? Il y a toujours plus de lumière… La nuit n’est jamais complète, écrivait Eluard…

        1. Oui, voilà, brume, brume, brume ! Merci pour vos mots sur Soulages qui prouva que le noir était une couleur. Böcklin est très impressionnant. Ma barque parfois citée vient de là.

          1. La langue écrite fait apparaître ce qu’on ne peut dire….
            L’art, aussi…

          2. Voici quelques notes prises sur mon carnet face à des œuvres de Soulages… un jour…

            Le grain de l’ombre. Un trou dans l’obscur pour trouver la source de la lumière. Elle surgit, blanche. Toile épargnée.
            Immensité de l’obscur insondable, subtil. Profondeur des noirs.
            Matière épaisse parfois bitumée, granuleuse . Silencieuse harmonie entre lueur indécise et ombre, qui secrète du calme.
            La pression du noir existe. Énigme. Des reflets tamisés le pénètrent ou en surgissent comme si la lumière avait perdu la force d’éclairer. Dissolution…

          3. Je relierais(relirais) bien volontiers vos présents propos à ceux de la veille. Il y a en Soulages, une présence des dieux absents qui confond. On ne peut pas plus mystique, finalement plus métaphysique.
            je crois en outre que ce que vous dites de la matière m’y invite: Il y a comme un épuisement, la recherche d’une nouvelle vigueur. Il est allé au bout. Mais cela ne suffit pas de parler ainsi, il faut vraiment avancer comme vous le faites dans la matière réalisée. La perte de la force me semble la clef. Merci.

          4. J’essaie face à une toile d’être en dehors des modes, du marché de l’art, de la renommée.
            Je me souviens d’avoir découvert les toiles d’Edward Hopper au musée Cantini à Marseille. Petite exposition discrète. Peu de monde dans les salles. Du temps pour aller de lune à l’autre.
            Plus tard une exposition au Grand Palais fit la Une des revues d’art et de longues files de visiteurs traversaient les jardins du Grand Palais. Beaucoup de monde dans les salles. Un mouvement continu des visiteurs vous poussant à avancer.
            Savez-vous, Raymond, c’est au musée Cantini que j’ai vraiment compris cette peinture.
            Pour Soulages, devenu une vedette même dans les sphères de la politique, je garde la conviction d’un créateur discret, têtu, cherchant à explorer par ses stries, ses empatements, ses coulures, le mystère de la lumière travaillée avec intuition quand elle rase une matière noire .
            Mais vous avez raison, sur le tard, la couleur noire l’a épuisé, a épuisé son œil prêt à anticiper le geste à venir. C’est presque une tauromachie de peindre sur ces grandes toiles.
            Fabienne Verdier l’a admirablement traduit en couleurs et en mots en ces quatre années passées à Colmar au musée Unterlinden face au merveilleux retable d’Issenheim de Mathias Grunwald offrant en son ouverture complète le panneau de la Résurrection, tout juste restauré. Flamboiement irisé , un arc en ciel, une explosion de lumière entourant le Christ ressuscité. Une nébuleuse ronde aux couleurs de l’arc en ciel le nimbe.
            Fabienne Verdier en a reçu tant de bonheur qu’elle a imaginé, en dialogue avec ce panneau, une série de toiles toutes, inspirées par ce cercle chromatique , ces étoffes torsadées du panneau peint par Grunwald.
            On reçoit tant de dilatation du coeur des pensées devant certaines toiles. Mais il faut être patient et les rencontrer aux heures où la foule est occupée ailleurs.
            J’ai grande joie à partager tout cela avec vous.

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