7 réflexions sur « petit poème d’été 23 »

  1. Un fleuve à la renverse,immobile en son flot, se laissant porter d’arche en arche ivre de ciel. C’est si vrai et si étonnant.
    Comme le mouvement de la toupie immobile dans son tournoiement.
    Ce passage de l’immobile au mobile joue au miroir dans les jeux de mots, les sonorités.
    Quelque chose ressemble à cela dans certaines compositions de Bach ou deux chemins de notes inversés se superposent, se croisent jusqu’au cercle parfait.

  2. Sans aller jusqu’à Bach, l’inaccessible, vous avez raison de penser musique et retournement. J’étais obsédé par le fleuve Seine et bien sûr les ponts qui défilent là-bas, Apollinaire m’aidant à penser, non, à rêver, l’événement à la manière d’un tableau. On ne se baigne jamais deux fois… si, justement, en rêve on n’arrête pas de se baigner dans le fleuve, dans le même fleuve, sinon pourquoi lui donner un nom, le figer d’un être propre (mais il faut croire aux mots et aux noms)? Nous (ceux qui se mêlent d’écrire) ne sommes pas là pour ressasser l’évidence tragique d’Héraclite; une excursion s’impose hors des ornières entrevues, la tête contre l’oreiller. La succession des jours nous a appris le neuf de chaque matin; ce n’est jamais la même chose, que le présent est splendide!
    J’aime l’orage qui guette en ce moment, ses éclairs illuminent notre présent, c’est bref oui, mais c’est une source dans la nuit, nous leur devons beaucoup, ils disent le moment, ils l’écrivent vite sur l’encre de la nuit; ils sont la définition même de l’instant.
    Leurs Z parachèvent nos discours.

  3. Il faut dire un mot de Notre Dame. C’est la femme, la mère surtout, celle dont on ne veut plus parler désormais avec l’évolution des mœurs et l’effacement relatif de la religion.
    L’épouvantable événement nous a appris que ce qui semblait éternel ne l’est pas; Valéry à propos des civilisations était un M O T du maître, avec Notre Dame c’est une REALITE tangible; huit cents ans ne font pas une éternité. Cette illusion dressée sur la cité cesse soudain de ne plus porter l’évidence. Sa robe de pierre, la voilà toute froissée. Mon dieu non, rien ne tient. Rebricolons l’éternité… ce que font chaque jour les poètes, les artistes, voilà que les techniciens au pied du mur, doivent le réinventer. Qu’ils sont malhabiles et lents!
    Je voulais les encourager.

        1. Merci, Raymond. J’avais dans un coin de ma mémoire cette houle des blés .
          Les cathédrales, ces assauts de pierres dans le bleu du ciel, ces vitraux où jouent les rais de lumière. Un monde de foi venu de si loin mais aussi ce prosélytisme, ces guerres de religion, ces conversions forcées et cette invention du péché originel.
          Je garde le bleu du ciel et la souffrance du Christ pour toutes ces souffrances terrestres qui ont conduit l’homme au désespoir.
          Je garde le Journal d’Anne Frank comme celui d’une vie saccagée par la haine des hommes et vos terres où dorment les jeunes morts.

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