j’aime arrêter le temps sur sa pointe
un brin d’herbe suffit
surtout s’il jaillit entre deux pavés du parvis
j’écoute ce qu’il me conte
la lutte contre la pierre
son accueil de la pluie
l’épopée du soleil sur son limbe
et le moment qui vit la graine tomber
il dit que même de cela il se souvient
je souris de son innocence
mais lui envie l’exploit et le combat
il me dit
des pavés je n’ai pas peur
j’objecte le bec des pigeons
ils sont selon lui trop occupés à se pavaner sur les tours
l’arrivée d’un chat interrompt notre dialogue
je ne l’ai pas entendu s’approcher
le brin d’herbe se fait tout petit
simulant un courant d’air il se penche pour se courber
n’offrant que peu de prise au doux félin
qui le mâchonne longtemps
cependant que je rêve au parvis
des herbivores haut perchés
qui se moquent depuis huit cents ans de nos existences fragiles