le chemin

il faudrait avant la fin de l’an
que je réemprunte le chemin
cette manie d’avancer qui me prit tôt
et ne me lâcha plus
deux générations m’en séparent
mais je pourrais toucher du doigt
le petit gars au chemin caillouteux

il est là en short
vêtement léger
il marche seul en effet au désert d’après-guerre
lui fond dessus
non le rapace des rivières
mais le monstre du temps
à deux pas du fleuve
il entend le clapotis des eaux troubles
maléfices des remous crevants et noirs
c’est affreux

ce qu’il comprend c’est ceci
le chemin n’a pas de but
le but c’est le chemin
vivre est affaire de gambettes
il faut poser son pas sans poser de questions
voilà tout

il escalade plus tard la butte crayeuse
voit la ville encore détruite
il songe fermant les poings qu’il la reconstruira
d’une manière ou d’une autre
pour en faire sa page blanche