perce-neige

après l’immaculée impraticable

orteils recroquevillés

quand je retrouverai mes pas vifs

nous irons vers la colline

évaluer les pousses

des perce-neige

verts puis blancs

nuques brisées

fleurettes accortes 

qui plus tard feront tache

au plein du printemps 

souvenirs de la nappe glacée 

qui nous saisit ce matin

je les devine ce soir d’apparence timide 

têtes baissées

ne perçant rien du tout sauf ma mémoire

qui s’emplit de leur éphémère

je vais les réchauffer d’une phalange 

caresse tremblante

admirant leur résistance

aux disgrâces du givre

je sens en leur présence

l’hiver engagé qui dit oui le soir

oui le matin 

saluant les nuits rétrécies 

de l’orbe reparti dans le bon sens

enfin

et penché sur les fleurettes hardies

je les suis au couchant comme je fais  

de ton visage

que je cueille

de mes yeux de mes mains 

et qui sourit