la douce

sa voix 

eau chantante sous la glace

apaisait la rudesse des temps

son langage pourtant peu clair 

semblait limpide

il s’énonçait au devant de ses lèvres 

on ne savait jamais si c’était voyelles 

ou consonnes 

on en recevait l’écho improbable 

dans la tendresse de ses pas 

effleurer sa peau 

eût été une manière de crime 

rythme voilé de son avance 

elle s’efforçait de se fondre 

dans la brume

mais ses apparitions dès l’aube

réenchantaient les jours d’hiver

quand le voyage se faisait pesant

je ne saurais dire d’où elle venait 

l’ouest a la même retenue

quand sur la neige la lumière s’endort

sa voix immatérielle avait les mêmes échos

sans peur ni trop de joie 

je l’appelais la douce 

pour le plaisir du tiède

qu’elle diffusait depuis son souffle

à chaque parole

qui semblait ne jamais briser le silence

et je me demande   

aujourd’hui qu’elle ne vient plus

si elle a jamais existé