les pas de mars

quand le déchirement arrivera
fleurs écorces chants cris
je guetterai la sortie de ton corps
de sous les draps tièdes
l’éclat bleu du tissu fera chavirer
au plafond l’ombre légère des persiennes
mon pas te devancera en cuisine
clapotis des orteils en fièvre encore
et alors banalement feu vif
je nous frirai quatre oeufs
sur le métal obscur de la poêle
tendrement

nous irons ensuite nous dérouiller
sur la falaise drapée de craie
le pied me pèsera peu
(mars est l’augure des présences)
et mon pas et le tien
craqueront la pierre du promontoire
tu voudras ma main moi tes lèvres
alors figés dans la tièdeur du vent
passant l’index sur ton front
j’écarterai tes mèches
et souriant au secret de ton visage
j’écouterai tes pupilles

de retour d’escapade le four actif
gonflera la pâte pieusement levée
et la brioche oeil rouge
sortira du moule sous le pur couteau
j’irai droit dans l’odeur
en retrait de toi en retrait de tout
une tranche en main vers la fenêtre
non pour voir mais pour oublier
les yeux vers l’intérieur
un tourbillon vaste oreiller océanique
me sera le manège qui endort
les peurs