l’Aisne

la rive glisse contre moi

sous mes semelles se tassent graviers et glaises

et là devant 

aventure de ma vie

coulant à ciel ouvert

le flot prisonnier fracture des joyaux des micas des soleils

la boue verte est parsemée de pattes de becs

traces esquissées dès l’aurore des lieux

par les envahisseurs sans loi ni frontière

laissez-moi dit la rivière

gardez-moi de l’effroi des folies

je dégoutte de cette craie qui n’écrit jamais

mon lit et mon ciel froids et gris

font un unique linceul

aux soldats d’autrefois

je revins souvent

m’asseoir auprès de la voix

la peur crachée dans les remous se dénouait

ce fut l’enfance aux berges du fleuve dur

que j’enviai longtemps d’aller à la mer

se faufilant risque tout

jusqu’aux confins des sables brûlants

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