le mimosa

lorsqu’il arrive aux éventaires
au moment où les querelles de l’an
se chevauchent enfin dans leurs derniers échos
j’éprouve
dans le gel cassant des flaques de janvier
un léger choc
je marchande vite trois brins
de ces étoiles velours acheminées du sud
crucifiées là plein vent au carrefour
je les emporte prestement
dans le chaud de l’atelier
où je les épuise du regard
j’écris près d’eux
et longtemps je n’ose y toucher

la lumière dispensée par les petits soleils
s’émiette peu à peu
dans une odeur de miel
le pollen coule au vernis de la table
le chant volatil s’épuise
imperceptible déposition des particules sans vie

ainsi l’or du jour fuit-il
lestant chaque seconde
du poids de sa précieuse poussière