le dégel

cela croule aux gouttières
par masses franches
au-delà même des ardoises
qui remiroitent tranquilles
dans leurs robes savemment marquetées
et les meulières jalouses du grand manteau
recupèrent leur fringant solide
frissonnantes maisons d’après gel

clapote alors sous les pas
l’argumentaire joyeux de la vie
on dirait un vibraphone tout neuf
qui s’essaie à réveiller le monde
les perce neiges jouent les clochettes candides
et les crocus sérieux ajoutent
la protestation claire des couleurs avouées
(nous les attendions depuis si longtemps)

ces discrets encravatés inaugurent le programme
pétales lèvres qui s’ouvrent rouges
ça souffle le tiède contre l’air bleu
le moindre rayon comme un doigt
vient toucher les pollens fragiles
on entend des cris de nouveau nés
chats qui vers le soir troublent les seuils
où le couchant souvent allume de futurs étés fous