La montagne couronnée (1 vertige)

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Vertiges 

              Des bonjours de cathédrale se faufilent, cordes tendues vers le vent,à travers les tours de l’église majeure; des dentelles ont fait leurs nids, chapeaux d’antan qui s’abolissent dans les fragiles découpes des pierres artistes; il y circule des nuages souples; les pigeons qui s’en échappent semblent autant de blocs qui s’arrachent aux colonnettes tournantes et s’en reviennent posément s’asseoir au bord du vide; il ne s’est rien passé. Les cornes des boeufs sont les plectres de leurs cols tendus vers le vent, tels les cordes d’une lyre démesurée; les mugissements laissent place à une manière de sifflement où le vertige venteux chante au-dessus des arches habiles, entassées, innombrables; ces arcs brisés inventent la geste gothique des premiers temps. Mais tout est si haut perché que le bâtir échappe au regard un peu, laissant place aux songes omniprésents qui tombent du ciel, pour l’espérance; un bonjour de joie s’en vient braver nos avanies. Je lève la tête, ma nuque se fait oreiller: alors je dors debout, les yeux rivés sur les cimes, ce rêve solide, à peine réel. 

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