La montagne couronnée(2 robe)

Ce qui tombe de là-haut est une sorte de robe qui va s’élargissant de pierre en pierre pour protéger nos vies. Les tours étaient nos songes, ces verticales sont notre abri. Le souffle coupé par tant de puissance, je musarde auprès des murs et mille détails, où grâce et trivialité s’échangent, me saisissent comme dans la vie. De rudes droites, portées musicales, sillonnent l’édifice horizontalement, creusant des notes larges (fenêtres) qui chantent le combat de la pierre et de la lumière, grande affaire des nouveaux temps. J’aime lire Marie, les anges, les saints, et la naissance et la mort et la résurrection, imagier tarabiscoté sur lequel les fidèles apprenaient à lire, joies et misère mêlées. Ces clichés tendres ont vécu, perdu dans les nues, restent les drapés et les courbes: ce sont des corps qui furent et qui demeurent semblables à nos vivants du jour. Les robes d’antan s’agitent au même vent; j’entends à travers le noroît grave du soir le marteau des artisans, qui par centaines, langue tirée, dignes, solennels, frappèrent pour mille ans des visages enflammés d’amour. J’entends tourner l’oculus central, ainsi la vie, ainsi les ans, et notre tohu-bohu quotidien soudain bien ordonné semble dire: mon implacable symétrie a de ton destin la rigueur fraîche. Aucune ride sous cet œil qui capte les teintes et qui, vers les crépuscules du soir qu’on croit banals, sont la neuve espérance contre la nuit proche. Je tourne dit l’oculus, ne te fâche pas contre le temps, la belle vie qu’on a, aime, mon protégé, mon ami, profite tranquille.