quand le froid est arrivé
au plus noir de l’an passé
j’ai vu les tours les toits
malgré la lumière rasante
se détacher comme tracés à la main
sur un fond de ciel pâle
la peau de mes mains dégantées a ces nuances
quand elle n’ose plus effleurer l’autre main
de peur que mes doigts
de ce double froid
ne se fassent glaçons
or à cet instant où grince l’axe de la terre
se produit un miracle presque rien
dans les fourrés
montant des brindilles croisées
froissement ténu
bijou de sons secs
je crois que c’est un frisson dans mon dos
ou un chuchotis de souris mal rencognée
mais non
le pépiement est court c’est un appel
qui amorce ses aigus verticaux
promesses d’un oiseau qui naît
au milieu du gelé de janvier proche
et recroquevillé depuis son gris
il ose sa présence
alors que rien ne souffle
que rien ne bouge
à l’inverse de la fatigue de l’année
cette espérance infime
bientôt s’en ira crescendo
portant gorge pleine
au beau milieu des remuements
confus assourdissants
sa délivrance folle
des chants de mai