cathédrale VII
rappelle-toi
au temps de fièvre folle
je me tenais tout silence au parvis
cet espace aux pavés heureusement inégaux
qui me cognaient dans la poitrine à chaque pas
mille souvenirs
face à toi ma dame
j’étais le drôle qui s’en vient vénérer les beautés et les siècles
au temps de la détresse
je pensais moins à marie
qu’aux hommes d’alors aux femmes du temps
hantés de toi jour et nuit
me voilà seul disais-je je suis tout seul
dis-moi ton mystère
tu peux bien me le dire
ce souffle qui te fit
ces milliers de bras qui montèrent ici
et les boeufs précédant l’attelage
il était naturel qu’ils se dressent là-haut
tirant les tours
ma voix allait répétant
mais d’où vient l’énergie qui fait tenir
contre les siècles et les charrois
contre les cris les pas et les épidémies
rien de plus urgent pour nous
que cette haleine spirituelle
qui te souffla
bulle de pierre
un matin de mille deux cents
et qui depuis emplit notre horizon
il n’est aucun mystère
répond-elle face au vide
l’imagination seule
accouplée à la raison
déplace les montagnes
et dans un murmure elle ajoute à mon endroit
un peu comme un poème