fantôme

ce qui frémit au jardin appelle le chant 

les oiseaux guillerets câlinent les aigus 

et la voix revient à travers la source 

heureuse qui bouillonne là-bas 

c’est un trop plein de vie bloqué ce printemps 

je me demande ce que tu fais 

où tu manges à quoi tu penses 

si tu as accroché les rideaux

et si la haie bien taillée désormais

permet de deviner l’océan là-bas 

je t’envie d’avoir les fausses notes des mouettes 

à portée de tympan 

si je ferme les yeux sur cette douleur 

je n’entends plus que tes pas 

sur les lattes fraîchement posées 

les remous de ta robe

et les accords d’une symphonie abandonnée 

dans le bureau où gisent les microsillons 

je te vois livre en main dos au jardin 

c’est de la poésie je crois 

le grand miroir du salon 

où nous avons longtemps souri 

de nos vêtements ajustés et de nos colères domptées 

voilà qu’il me revient 

avec son cadre doré au trumeau peint

à la mode d’autrefois

  • un loup cerné par les chasseurs  – 

soudain le rappel des oiseaux 

le vent du soir 

puis plus rien 

on dirait que la source au jardin 

a cessé de couler 

et le miroir de refléter