équinoxe d’ octobre I

nuit et jour encore un peu égaux

se sont ligués contre mes yeux 

la nuit de la cécité

est advenue équinoxe personnelle

la nuit tombant sur mon oeil droit

volet qu’on rabat

brutalement automne du regard

c’est le miroir qui a été étonné

personne ne l’a su que moi

c’est la fête de l’oeil gauche 

polyphème qui redoute désormais

une ruse des paupières

la douceur d’octobre est cruelle

je n’ose lui dire qu’elle est belle 

elle m’aveuglerait 

de ses flèches dorées

qui rampent sous les herbes 

lors du crépuscule gorgé de menaces

tant que je pourrai aller sous la nue

sans me perdre

tant que l’orbe gauche compensera

ma blessure 

ma présence allumera les bois 

j’irai par les chemins incongrus 

sans me soucier du but 

un coup d’oeil suffira pour savoir où je suis

le globe de gauche triomphe

heureux d’être seul à écrire

son importance s’est accrue

capitale je le vois bien

tout est bien dit-il grand ouvert

je vais avec toi vers le monde

et pour dormir tu vas voir

la nuit vient plus vite