Alban Nikolai Herbst: Misère de la musique (8/9)

Il y avait déjà quelques temps qu’on n’entendait plus rien dans le consulat. Le bâtiment était plongé dans un étrange silence depuis que Michels avait fait enlever sans encombre le corps de la victime. Les commandos d’élite s’étaient avancés jusqu’à la porte derrière laquelle le terroriste et les otages étaient barricadés. Mais on ne percevait rien, pas un bruit.
– Attendez, attendez encore un peu, murmura Michels dans le talkie-walkie.
Il entendait toujours la mélodie. Tout le monde l’entendait. Pourtant la symphonie avait cessé de résonner depuis quelques minutes. Les premiers pigeons s’abattirent sur la place que les dernières gouttes faisaient miroiter. Les gens étaient immobiles, bouche bée. Un coup de vent balaya tout sur son passage, retourna les parapluies encore ouverts, fit claquer violemment les portières des voitures et projeta une averse sur le visage d’un badaud. Le jeune homme, par chance, était toujours plongé dans son sommeil. Il semblait prostré.
Michels plissa les yeux.
Puis enfin :
– Allez-y !