il faut des nuits pour que le jour advienne
ainsi l’automne prépare-t-il l’avril en tapinois
j’admire ce beau déclin
où les feuilles calfeutrent nos lilas
quand l’or venu des bleus célestes tourne en pluie terne
obstinément ocre puis brun
noyant nos heures grises
sous un rideau poisseux
je guette à l’est une aube
autrement grave
nous sommes exposés aux chauds aux froids
exister est tout compte fait notre unique saison
avec ses humeurs mauves
et son déclin tout de frilosité ingénue
car on n’apprend pas à vieillir
les souvenirs s’entassent
la mémoire devient ce fatras
où les moments gonflés de dires
d’émerveillements colorés
basculent en un instant
autant de feuilles d’or
que la terre nue entassera en toute cruauté
l’amour demeure seul écarlate entre les mains
une pensée de nous relayée par les enfants
puis les enfants des enfants des enfants
et c’est ainsi que je pense à l’automne
sautant les flaques
froissant les feuilles
croquant la pomme nouvelle