une rose

la sphère des jours et des nuits
alourdie de sept milliards
tourne toujours égale à nous-mêmes
les humains s’affolent
mais continuent de se laver les dents
on ne sait jamais
on redoutait d’être fourmi aux avenues
et nous voici pucerons
sur un rosier jauni
la maladie d’exister étouffe
à force de faire tache d’huile

il me revient soudain que ma rose est unique
sans moi
elle existe robe émeraude grise de nuit
le velours que j’envie à ses joues
sous le pouce me frissonne
immobile
elle ne cesse de changer
dans ma mémoire au gré des ombres
elle me rappelle
cet instant vif où les yeux du monde
tout pleins d’elle
ont laissé deviner
un sourire intérieur impérissable