une aube

l’aube bouge
cri étouffé
il est déjà question de joie
je sais
le filet du rêve déchire les mailles
c’est blanc doré
les doigts serrés sur le battant
j’imite le lever en ouvrant un peu la fenêtre
un flot de fraîcheur déferle
la lumière de la chambre jaunit
un rayon s’arqueboute sur l’horizon
puis escamote la nuit à son seul appel
c’est un poing qui se ferme sur l’obscur
il écrase sans pitié mes imaginations
et me projette en plein bleu
sans que ma gorge ait vibré
sans que j’aie eu le temps d’articuler
un bonjour que je voulais
urbain bienveillant
et qui soufflerait dans mes poumons le grand présent
une vie pure s’accroche aux secondes qui cliquètent
chantant une mécanique
lyrique à force d’écoulements lumineux réguliers
j’y crois comme au premier jour
mille précautions en ouvrant le battant au plus large

je m’allonge épuisé et me rendors longtemps
sur l’oreiller de juillet