trois temps

à force d’aller en barque
je domine les remous de l’eau claire
ses lents clapotis
avec cette joie des muscles du dos
qui s’assouplissent à chaque coup de rame
l’espérance monte
habileté à vivre
à respirer vraiment
au-dessus du temps

plus tard l’ennui s’en mêle
l’eau coule sombre vive
rivière contre rocs
l’esquif menace sous la rame crispée
il faut lutter
où le flot me porte-t-il
difficile de gagner la rive
refus du corps
il faut allèger la barque

le lit s’élargit soudain
mélancolique enfin j’aborde
un cavalier souriant
sur la rive opposée
me fait un signe de la main
je ne suis pas pressé dis-je
ses mains en porte-voix
il crie en écho
moi non plus

des sabots à la crinière son cheval frissonne