sylvestre (2)

je t’attendais

je sais bien soleil que tu tournes comme tu peux 

mais là fin décembre

je me demandais 

avec mes 76 ans sur les bras

si tu cesserais enfin de te dérober

à mes yeux à ma peau

et voilà que soudain

triomphant 

tu arroses mes pas donc mes pensées

comme si le printemps déjà avançait son nez rouge

la peur ancestrale vaincue

je tapotais sur la vitre croisée

appelant les oiseaux  à t’enchanter

pour te décrocher de ce lieu du ciel 

où tu t’oblitérais

bon vieux soleil

mon ami d’écriture 

te voilà avec des théories d’ombres douces

tenancier du bar des nuances où l’on rêve

les décombres de l’automne enfin mort

jonchent le sol où tout froisse

nous n’irons plus au déclin

scruter les rougeoiements entre les troncs 

– nos vitraux naturels –

l’oppression lente a cessé de peser

de descendre en décembre

naissant comme à Nazareth

le savoir va s’ouvrir tout neuf

la peine versifiée ne va plus régresser 

le pire sera emporté par avril proche

mélancolie comme brume 

vont lever enfin sous ton éclat 

leur paresse facile

et nos poumons vont exploser de rires

interminables

Une réflexion sur « sylvestre (2) »

  1. Bonne année M Prunier.
    Pour faire suite à “Sylvestre”, un poème de l’écrivaine Ursula K. Le Guin :

    Dans la forêt, le grand arbre se consume doucement
    dressé dans le léger creux de la neige
    que fait fondre autour de lui la chaleur subtile et tenace
    de son être et de sa volonté d’être
    racines, tronc, feuilles, et de connaître
    la terre noire, le soleil éclatant, la caresse du vent, le chant de l’oiseau.
    Sans racine, sans répit, êtres au sang tiède,
    nous brûlons de ce brasier qui nous rend
    aveugles à ce haut frère lent, feu de vie aussi vigoureux
    aujourd’hui que dans la jeune pousse il y a deux siècles

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