novembre

connaissez-vous le pays aux contours incertains

quand le pas broie du noir

quand la mer dès l’aube – paupières cireuses – 

charrie des masses d’encre voilées

à peine inspirée

l’iode de novembre

se fait fièvre aux poumons

les cimes dépouillées

charmes ormes chênes 

xylophones affairés

s’entrechoquent dans la brume fatigue

l’affaire de vivre

en plein doute

fait de novembre un où es-tu entêté

c’est à peine si l’on avance aux halliers glacés

le corps dépose les armes

au bout des alarmes maximales

la onzième saison sonne derrière la mort

et c’est alors

au bout de l’an ou presque

que remonte facile la mélodie des doigts

dans le filet des jours

la pluie joue du piano

le vent souffle ses symphonies improvisées

l’époque affolée bascule

dans la saison des oeuvres chaudes

le noir rédige enfin

sur le blanc silence des brumes qui se lèvent à volonté

le chant joyeux des enfants de la vie

(Mon Brassens est de ces œuvres chaudes à venir)

5 réflexions sur « novembre »

  1. “Soir d’automne –
    Il est un bonheur aussi
    Dans la solitude.

    De temps en temps
    Les nuages nous reposent
    De tant regarder la lune.

    Rien qui m’appartienne
    Sinon la paix du cœur
    Et la fraîcheur de l’air.”

    Anna de Noailles

    1. “Les nuages nous reposent / De tant regarder la lune”

      est très plaisant, comme une légère facétie.
      les deux derniers vers montrent le talent sûr de la poète; elle sent bien que “la paix du coeur” sonne froid, cliché et de manière inattendue la “fraîcheur de l’air” vient faire son tour comme une brise qui élargit le propos alors qu’on a eu “Rien qui m’appartienne”… c’est fin !

      1. Oui, Anna de Noailles aimait les paradoxes, la légèreté et le silence. Comme vous aimantée par la mort, comme vous esquissant ses paysages par petites touches.
        J’ai aimé l’amitié lumineuse entre elle et Marcel Proust et leur longue correspondance.
        J’aime ce poète énigmatique, l’alouette Persane, disait Morand.
        Et je lis et relis votre poème Novembre qui tant vous ressemble.

  2. En fait , ce sont trois haïkus de Buson , Basho et Issa trouvés dans l’anthologie Fayard. sélection de R.Munier et Y.Bonnefoy.
    Le poème d’Anna de Noailles en écho au vôtre était :

    L’Automne

    “Voici venu le froid radieux de septembre :
    Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres ;
    Mais la maison a l’air sévère, ce matin,
    Et le laisse dehors qui sanglote au jardin.

    Comme toutes les voix de l’été se sont tues !
    Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues ?
    Tout est transi, tout tremble et tout a peur ; je crois
    Que la bise grelotte et que l’eau même a froid.

    Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
    Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
    Mais le vent les reprend et barre leur chemin
    Elles iront mourir sur les étangs demain.

    Le silence est léger et calme ; par minute
    Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
    Et puis tout redevient encor silencieux,
    Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux

    S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe
    Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes,
    Et la vieille maison qu’il va transfigurer
    Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer.”

  3. Désolée pour ces ratures en littérature. Beaucoup de difficultés ces jours-ci pour poster des commentaires. Ou ils s’effacent ou ils apparaissent incomplets. Comme ce jour où le poème d’Anna de Noailles avait disparu !

Les commentaires sont fermés.