l’ombre

j’abaisse doucement les paupières
c’est un hommage
approbation en direction du chemin usé
refait à neuf par l’avril prenant
avec coucous et crissements du saule
la forêt me manque
dès que la lumière à l’excès s’affolle
j’ai besoin d’habiller l’écho des rues
et mes yeux rêvent fraîcheur
je sais bien que la reverdie s’accélère
mais l’ombre ton ombre
sur l’antique sentier où nous fûmes
droits et rapides clinquants et naïfs
ton ombre
venue de la nuit du passé
on la dirait désormais dissoute aux ramures
mangée des branches
j’essaie à défaut d’entendre encore tes pas
si légers qu’on avait murmure au coeur
et joie de vivre en bandoulière
avec mélancolie des colchiques
doigts croisés ça te dit quelque chose
les branches cognaient sous l’ouest
je me souviens des paupières abaissées
comme pour garder en mémoire
prisonnier en printemps
cet instant émeraude
où la grâce fut