l’étoile

je sais bien les trésors enfuis
et les années retentissant au bord
de pauvre mémoire au milieu
de notre temps

et ma mie qui fait signe là-bas
horizon rebattu sans cesse repoussé
comme ses lèvres tues qui soufflent
la vérité

je veux bien imaginer que l’étoile
fatigue le ciel de ses scintillements
depuis des millions d’années
la nuit (et le jour aussi)

mais nos pauvres éclats durent
se résigner à n’être qu’hésitations
et gestes subtils jamais sculptés
les peaux se séparent

j’en veux beaucoup à l’espérance
dont le chant est comme l’idole
plâtre rapporté doré qui s’effrite
aux confins du rêve

les nuages voilent lune et constellations
la nuit pèse alors sans boussole vive
mais je préfère cette absence de polaire
à l’illusion d’éternité