le mont

le vent de l’aube souffle
mon ferme pas piège la terre
traçant au fil des piquets dansants
cette ligne de vie
qui monte avec moi
allègre respiration verticale

vers midi le mont éberlué
me laisse parvenir sur son crâne
découpes échancrées du sommet
ma vie s’affirme
naïve évidence verte
j’éprouve les nuages à mes pieds

et le mont secouant ses cimes
dérange ma digestion
un silence s’avance sérieux
l’ombre s’amorce
me devance sur la pente presque noire
je dévale souffle court

j’aimerais tout ralentir
ne me pousse pas dis-je enfin
je n’ai aucun goût pour la plaine
garde tes perspectives
retarde ma course
donne-moi le droit de respirer

le mont gronde alors dans sa massivité
secouée des vents de nuit
tu as eu tout le jour souviens-toi
tu es en bas c’est joué
à moi mes pentes offertes
à toi l’irrespirable horizontal