l’an futur

il y aura forcément
du sourire et des gâteaux
les vignes croissant à deux pas
le champagne couvrira les voix
et l’on enterrera feuilles rêves et soupirs
dans un immense présent
gouffre intouchable pourtant
même au jour de bascule
on ne sentira pas le cliquetis
féroce de l’horloge électrique
et la main sur la bouche
j’observerai la nuit du fol hiver par la croisée
nuages graves lune grise
je ne suis pas pressé
ce novembre me va
je pense souvent penché sur l’âtre
à ce jour du bilan
fumée brune et bleue
tout me souffle l’éphémère des joies
c’est ainsi qu’auprès du feu
je songe combien est charmant notre petit novembre
esseulé crémeux sobre
je fais couler en gorge un peu d’eau piquante
et levant le liquide léger
à travers sa transparence
j’aperçois dans le ciel
un avion tout chargé de lointains visiteurs
qui faufile son col autour des nuages
je bois à leur santé
souhaitant bon voyage
à ceux qui volent
et à moi qui demeure