La Visiteuse

ce qui grandit avouait-elle
– j’entends encore son soprane velours –
c’est sur la placette
votre saule qui chante sur ses mobiles feuilles d’or
elles seules font le rire cru de novembre
vous l’entendez demandait-elle
et ce silence de mai cet écrin des oiseaux
vous l’entendez je le sais

je revois à travers les décennies
sa silhouette inchangée venue de l’horizon
j’aurais aimé sa main dans ma main
mais rien n’aurait pu la toucher

ponctuant chaque saison de ses fruits nouveaux
prenez disait-elle prenez
fleurs fraises pommes et noix sur un lit de paille
la corbeille semblait légère
comme ses robes en ma mémoire
allez ajoutait-elle enfin
enclose dans votre palais
la chair des framboises explosera sur commande
et l’éphémère parfum des poires de juin
montera dans la fuite des jours

étrange visiteuse
reviendrez-vous
autant que vous vivrez rit-elle
je veux dire
longtemps