la flûte

lorsqu’il ne reste plus pierre sur pierre
que le froid a percé les taillis jusqu’aux racines
que les os eux-mêmes sont glacés jusqu’à la moelle
la flûte appelle
je joue les anciennes sarabandes
vieux airs du pays éloigné
que je ne connais qu’au souffle
(piano ou guitare seraient superflus)
la demande est si humble
bouche phalanges
sont les modestes motifs de ce temps
les poumons et l’espace de la pièce
échangent leurs vibrations fragiles
hésitante existence du joueur de flûte

je fis danser les enfants dit-il
des chants volaient par la croisée
je les guidais
je les gardais les regardais
les sons de la flûte du pâtre que je fus
rejouent leurs joies
quelques notes font jaillir mille danses mille mots

flûte et fête voilà qui est sûr
mais à l’entour
silence assourdissant

où sont passés les corps les paroles et les rires