quand je me lasse de l’instant
j’emprunte l’escalier
qui mène au grenier gorgé d’objets
jouets valises araignées balconnières
ça danse là ça dort là confus et honteux
astiqués ça pourrait revivre
mais pourquoi ces voyages au pays des regrets
à quoi bon ravauder les robes fanées par les étés féroces
tout refluerait
et mes arguments en faveur de leur résurrection
crèveraient en bulles de sourires brefs
le corps un peu cru
se ferait plus gauche encore
je pense soudain aux araignées
elles bien actives
tissant dans la poussière
un empire de fils serrés
elles revisitent nos objets sur le métier du temps
nos petits gestes nos grandes amours
et couvrent le passé devenu ici présent
d’un tissu apprêté presque collant
les souvenirs en tête font si vite retour
quadrillages compliqués
dont on ne s arrache qu’à peine
Gulliver était moins prisonniers des fils
que nous de nos toiles
sous lesquelles s’agitent les fantômes qui pèsent sur la maison