glycines

drapé solennel de bleu vieilli

elles désignent en suspension 

le sol d’entrée où claquent mes pas 

je vois vibrer en lanternes serrées

les grappes qui ponctuent mes allers et venues 

de leurs fragiles oscillations 

comme autant de NON qui se moquent 

de mes farcesques vacations

8 réflexions sur « glycines »

  1. Ce bleu vieilli donne envie de les saisir du bout du pinceau.
    Ce balancement comme une présence d’un vent doux.
    Et l’homme passant et repassant sûr de leur présence sans même avoir besoin de lever la tête.
    Chanceux.

    1. J’avoue qu’il a de la chance. Ce n’est pas chez moi. C’est une fiction à partir de glycines du voisinage qui ne cessent de me faire de l’œil.

      1. C’est magnifique comme vous habitez le monde proche et lointain.

        1. Vos avez raison d’insister sur ce point et je vous en remercie vivement. C’est exactement le lieu que je vise. Le proche et le lointain. Il est question de la maison, les glycines deviennent des sortes de pieds de vigne, on entre on sort, et ça se termine par une citation de Montaigne, alors qu’on croit qu’on est dans un monde traditionnel stable !

  2. ” La plupart de nos vacations sont farcesques. Mundus universus exercet histrionam. [Le monde entier joue la comédie.] Il faut jouer dûment notre rôle, mais comme rôle d’un personnage emprunté. Du masque et de l’apparence il n’en faut pas faire une essence réelle, ni de l’étranger le propre. Nous ne savons pas distinguer la peau de la chemise. C’est assez de s’enfariner le visage, sans s’enfariner la poitrine. ”
    Montaigne , Essais, III, chap. 10, « De ménager sa volonté » .

    Entre notre paraitre et notre être il reste les glycines et le vent doux.

    1. « Mundus universus exercet histrionam » (« Le monde entier joue la comédie » (Pétrone)

    2. Un des passages exceptionnels des Essais. Il est tellement familier que je n’ai pas cru bon de mettre une note !Je vous remercie du contexte et de vos ajouts.

      1. Je cherche juste à comprendre la chute imprévisible du poème : “comme autant de NON qui se moquent / de mes farcesques vacations”
        C’est vous qui apparaissait soudain dans ce poème pour affronter ce NON si terrible qu’il est écrit en majuscules. Ce n’est pas le même contexte que celui où Montaigne a écrit ces mots. Vous êtes chez vous, peut-être dans votre jardin. Ces glycines sont peut-être dans votre jardin, peut-être ailleurs. Mais c’est vous qui allez et venez. Que vous reprochez vous donc ? Ces écritures ? Sont-elles des vacations farcesques ? Pourtant, elles vous rapprochent de Montaigne par la lecture et l’écriture.
        Alors, quel mystère… Comment, regardant ces grappes de fleurs mauves, pouvez-vous ressentir cette tenaille en vous ? On fait ce qu’on peut, là où on vit. Écrire, lire… C’est un tel envol. Une respiration. Et puis, nous ne sommes jamais seuls au milieu des livres. Jamais seul quand on prend la plume. Souvenez-vous de cette main qui parfois sait mieux que vous le mot à naître.
        Je lis un splendide livre tombé par hasard dans mon désir. C’est un roman de Ray Bradbury “La solitude est un cercueil de verre”. Cadeau involontaire de Véronique Ovaldé qui l’évoquait dans une préface d’un roman de Carson McCullers.. C’était sur un blog que vous aimait bien, celui de Soleil vert. J’aime ses chroniques littéraires. Il sait donner envie de lire.
        Bonne journée cher Raymond. Demandez pardon aux glycines de les avoir ainsi trahies.

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