Après / Danach (Nov.17)

Ce poème de Raymond Prunier a été traduit par Helmut Schulze et illustré par E. Detton. 

Après

Après la guerre
Au retour de l’âge d’or donc
Attentif à tes pupilles fenêtres
Je redécouvrirai enfin les espaces de tes rêves blés prairies faîtes et halliers
Éclats bleus éclats blancs
Miroirs graves des étangs
Puis j’écraserai d’un baiser
Chaque volet de tes paupières velours
Pour saluer l’oubli des obus et le repli des fusils
(Leurs consolations je n’en veux pas )
Je veux tes yeux
Vivre à la lumière de ton estime
Etre libre avec toi
Croquer tes joues et à travers tes boucles
Au courant de nos haleines éperdues
Souffler ma peine qui s’éteindra d’un coup
Nous exigerons alors autre chose une autre présence un autre quelqu’un
Un enfant peut-être
Dont le corps très chaud palpitera
Fin réelle des ténèbres
Survie des vies
Qui étaient nôtres si peu.

Danach

Nach dem Krieg
Zurück im goldenen Zeitalter
Mit deinen Augen als Fenster
Deine Träume wieder beschreiten: Weizen- Wiesen- Dickichtsein
Blaue Streifen weiße Streifen
Schwarze Spiegel teichgeboren
Deine samt’nen Lider
Meinen Küssen opfern
Ade Granaten, ade das Laden und Abfeuern der Gewehre
(Wie auch sollte mich das trösten?)
Ich seh’ doch deine Augen
Leben hat Wert dein Licht
Frei sein mit dir
Anliegen an deinen Wangen
Atem, der spielt mit verlorenen Locken
Und meinem Kummer, der plötzlich ausgelöscht sein wird.
Um dann etwas anderes zu wollen, ein anders anderes
Ein Kind vielleicht
Dessen warm pulsierender Körper
Das wahre Ende der Finsternis
Leben Überlebende
Die unsere waren für so kurze Zeit
Après – E. Detton