attente
quand tu viendras car tu viendras
tu verras derrière le jardin
il n’y a plus ni blé ni fleurs sauvages
la manie d’habiter a tout dévoré
la maison dont nous rêvions je l’ai achetée
ils ont construit alentour
- le coeur me fend – des lotissements
j’ai espéré que ces gens seraient heureux
ils sont patients aimables et droits
j’aime l’agrément des bonjours dessus la haie
visages qui bougent dans les années
de jeunes cris surgissent puis s’effacent
il ne se passe pas une journée sans –
je t’attends
ai-je le droit d’espérer quelque miette
le temps me dure en cette saison
vingt ans déjà vingt ans
les fleurs que tu aimais tant
ont étendu leur empire
des grappes enveloppent l’entrée
leur bleu et l’écarlate des rosiers
font en ce mai royal
le bonheur des photographes
ils viennent de loin pour en prendre l’image
depuis que mon entrée
a paru en page titre de clos et maisons
c’est étrange tous ces gens pour des fleurs
j’écarte mes rideaux je souris
j’échange même parfois en anglais
je leur parle de tout du pays
de l’Amérique et quand ils s’éloignent
je m’en veux de ne pas leur avoir dit
que tu étais là-bas
dans une autre maison