voix

des voix montent parfois
de l’intérieur de la placette
elles chantent crient parlent aussi
j’essaie d’en capter la joie
pour la reverser dans ma vie
car tout cet étranger que sont ces rires
qui enflent entre les demeures
signent la présence de l’autre
et je sens que mon corps approuve
l’appel très cru des paroles
surtout lorsqu’elles sont lointaines
vague murmure incompréhensible
qui est la vraie rumeur du monde

j’y entends la chaleur de l’instant
les voix sont des êtres de chair
la vie les meut
contre la peur joie d’être ici et maintenant
on y parle du temps qu’il fait
contre celui qui passe
éclats de voix comme des entraves aux horloges
les gorges graves aigües disent
je suis là je suis là
tu m’entends tu m’entends
et chacun n’a de cesse de monter sa voix
contre l’autre
bribes d’écume qui sont de chacun
le cri de naturelle fierté

et ce concours murmuré durera
autant que la terre habitée

2 réflexions sur « voix »

  1. c’est toujours aussi beau, juste équilibre entre intelligibilité et dérive poétique
    “on y parle du temps qu’il fait
    contre celui qui passe”

    1. je le dirai différemment juste pour saluer la pertinence de vos mots; ce que je recherche c’est la musique qui fait sens, c’est la mélodie et la clarté de ruisseau de ce qui est chanté, d’où parfois une fausse impression de mièvrerie dans la thématique: la rose etc… impression qui ne me gêne pas le moins du monde, cela m’apparaît même comme un masque amusé.

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